Mon coeur à toi, ton corps sur moi.

" J'ai terriblement envie d'elle.

Pourtant je la connais depuis des années et elle n'est pas vraiment mon type de filles. Androgyne, faussement sûre d'elle, un peu pute sur les bords. Sans pour autant avoir le goût du risque. Pute sans les bons côtés quoi.
Adossée au mur de la loge je la fixe pendant qu'elle jete un dernier coup d'oeil à son reflet dans le miroir.
- Je suis comment? me lance-t-elle d'un air narquois à travers la glace.
- Très belle.
Elle se retourne vers moi et s'adosse à son tour de l'autre côté de la pièce. Elle veut jouer.
- Tant que ça ? -le sourire en coin-
- Oui.
Mon honnêteté doit la surprendre parce qu'elle paraît un peu gênée, et Dieu sait que c'est un sentiment qu'elle ne doit pas connaitre souvent. Elle est plutôt du genre à prendre tout à la rigolade. Elle fait semblant de rire un peu. Je la regarde toujours. Elle se met à parler de choses que je n'entends pas. Obnubilée par son corps, presque malgré moi, je m'avance. Elle porte des converses gribouillées aux lacets dépareillés imitation "Sex, Drug and Rock'N Roll" (Sans le sexe et sans la drogue. Même pas un peu de tabac..), un caleçon Hugo Boss dont la large bande élastique dépasse de son jean taille basse, une chemise noir boutonnée jusqu'en haut sous laquelle on devine ses (très) légères formes. Ses cheveux en bataille lui donnent l'air un peu négligée. Elle parle toujours. Je m'avance toujours. A quelques centimètres d'elle, elle se tait et lève la tête pour me regarder.
- Je te plaît ?
Elle me lance un regard de défi. Elle joue. Je place violemment mes mains sur le mur de chaque côté de sa tête. Nos corps se frôlent.
- Je ne joue pas.
En une seconde à peine, je la pousse contre le mur et l'embrasse fougueusement. Je déboutonne d'une main sa chemise et me fraie un chemin vers sa peau. Elle résiste un peu mais finit par laisser glisser ses doigts le long de mon corps. Très vite, son jean est à son tour déboutonné et ma main descend lentement.. Nos langues s'entremêlent toujours au point de manquer de souffle.. Nos respirations s'accélèrent d'un commun accord.. Nos corps réagissent instinctivement aux caresses de l'autre.. Nous ne pensons plus.
TOC TOC.
- Léa? T'es prête? C'est à nous!
Nos coeurs s'arrêtent le temps d'un instant. La voix vient de derrière la porte de la loge. Je m'écarte doucement.
- Dommage - lui murmuré-je à l'oreille - je crois qu'on t'appelle..
Elle ne répond pas, le souffle encore coupé par l'exercice, et demeure immobile.. Je me rhabille et reboutonne sa chemise délicatement.
- Bon concert. dis-je sans me retourner.

Ce soir là, immobile au premier rang dans une fosse déchaînée, je ne l'ai pas regardée une seule fois. Mais je sentis ses yeux chercher les miens pendant tout le concert. Lorsqu'elle essaya de me retrouver une fois la scène terminée, elle ne me trouva pas. Je n'étais plus là.
Je ne la revu jamais.

Jamais de sentiments sincères, jamais deux fois avec la même fille, c'est le motto d'un coeur prostitué. "

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